
Après le rebond observé hier (mardi 5 mars), le prix du quota de CO2 sur le marché européen a clôturé à 59 €/T. Cela porte à 16 % le regain du prix relativement au creux atteint fin février.
La reprise des cours est loin de compenser leur baisse observée depuis octobre dernier. S’agit-il d’un correctif technique à court terme ou d’un retournement de tendance ?
Quatre facteurs à l’origine de la baisse hivernale
La faiblesse du prix des quotas durant l’hiver a reflété quatre facteurs principaux :
- La clémence exceptionnelle des températures, dont fait par exemple état le centre européen COPERNICUS dans ses rapports mensuels soulignant l’impact de l’épisode El Nino qui accentue le réchauffement global ;
- La baisse consécutive du prix du gaz du fait des importations massives depuis les Etats-Unis et le Qatar qui est redevenu ultra-compétitif relativement au charbon ;
- L’affaiblissement de la conjoncture, très marqué dans l’industrie lourde et en Allemagne, qui a réduit la demande de quotas des industriels ;
- La baisse record des émissions du secteur électrique reflétant le double effet de la montée en régime de la production d’énergie renouvelable et la faiblesse de la demande finale.
Une probable consolidation du prix, mais un nouveau risque politique à l’horizon
Une partie de ces facteurs va s’estomper dans les prochains mois. Avec la fin de l’hiver, la hausse du thermomètre impacte nettement moins la demande d’électricité. Le potentiel de baisse du prix du gaz est désormais limité après la grande vague baissière de 2023.
A contrario, les incertitudes sur la conjoncture industrielle sont loin d’être levées. Enfin, l’expansion des capacités de production de renouvelable va se poursuivre en 2024, malgré les difficultés de l’éolien offshore.
Les experts ont en tête le souvenir de l’année 2009. Le décrochage du prix du quota provoqué par la récession avait alors annoncé une décennie de grande faiblesse du prix du quota résultant d’un excès structurel de l’offre.
La situation de 2024 n’est pas comparable. La réforme récente du marché des quotas a introduit des règles qui vont réduire fortement l’offre de quotas dans les années qui viennent . Le scénario le plus probable est celui d’une consolidation du prix du quota, même si un nouveau risque apparaît : l’incertitude sur le poids du vote populiste, opposé au renforcement de la tarification carbone, aux prochaines élections européennes.
- Accéder aux données de prix sur le site de EEX.
- Accéder aux rapports COPERNICUS sur le climat.
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