
Définitions
- Scénario : Document décrivant l’action (d’un film), comprenant indications techniques et dialogues (Petit Robert en ligne).
- Scénario climatique : Une représentation plausible et souvent simplifiée du climat futur, basée sur un ensemble cohérent de relations climatologiques qui a été construit pour expliciter les conséquences potentielles du changement climatique d’origine anthropique. (GIEC, 6ème Rapport d’évaluation, Glossaire).
Le scénariste du film est maître du récit qu’il produit, notamment de l’issue finale. Une longue tradition filmographique a privilégié le « happy end ». Les scénarios font souvent preuve d’une grande créativité pour retourner les situations les plus désespérées.
En matière climatique, les règles sont bien différentes. Ce sont les lois de la physique et de la biologie qui fixent les contraintes et décideront de l’issue finale. Les scénarios du GIEC explorent les climats du futur en considérant le stock de gaz à effet de serre que les hommes ont déjà rejeté dans l’atmosphère et en faisant des hypothèses sur leurs trajectoires d’émission futures. Ici, aucune place pour les retournements miraculeux de situation. Pour que le récit ne vire pas à la catastrophe, il faut vite amplifier les réductions d’émission de gaz à effet de serre.
Un réchauffement de 1,5°C avant 2040 dans tous les scénarios
Dès son premier rapport d’évaluation (1990), le GIEC a introduit des scénarios climatiques qui sont des représentations stylisées du futur. Le scénario tendanciel, dénommé « business as usual », conduisait à un réchauffement d’un peu plus de 4°C en 2100 relativement à l’ère préindustrielle. Trois variantes B, C, D étaient proposées, avec un freinage des émissions permettant de limiter le réchauffement dans une fourchette de 2 à 3°C à ce même horizon (voir graphique ci-dessus).
Le sixième rapport d’évaluation du GIEC regroupe les scénarios climatiques en trois familles suivant les trajectoires futures d’émission. Compte tenu du stock de gaz à effet de serre déjà rejeté dans l’atmosphère, les scénarios avec des réductions rapides d’émission ne se traduisent qu’avec des délais sur la température moyenne. Dans tous les cas, un réchauffement de l’ordre de 1,5°C devrait être atteint aux alentours de 2030.
C’est à partir de 2050 que l’action ou l’inaction climatique commencent à produire leurs effets. Elles permettent de projeter trois futurs possibles pour la température moyenne de notre planète d’ici la fin du siècle.
Trois futurs possibles à partir de 2050
Dans les scénarios fortement émissifs, le GIEC suppose une absence totale de coordination internationale. Les pays pratiquent une course au chacun pour soi en prolongeant l’utilisation des énergies fossiles. Le pic d’émission n’est pas atteint avant 2050. La stabilisation du stock de CO2 dans l’atmosphère semble dès lors hors d’atteinte d’ici la fin du siècle. On s’oriente vers des réchauffement supérieurs à 3 ou 4 °C d’ici 2100 qui se poursuivront au XXIIème siècle.
A l’opposée, deux scénarios a faible émission reposent sur une coordination internationale renforcée permettant d’amorcer la réduction des émissions mondiales de CO2 dès la décennie 2020. La neutralité carbone peut alors être atteinte entre 2050 et 2070 grâce aux fortes baisses d’émissions opérées entre 2020 et 2050. Dans ces scénarios, on conserve l’espoir de stabiliser le réchauffement en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle, et même vers 1,5°C grâce à des émissions nettes négatives après 2050. Le neutralité carbone n’y est en effet pas un objectif final, mais un point de passage après lequel l’action de réduction des émissions doit se poursuivre.
Entre ces deux représentations du futur, le scénario intermédiaire suppose que les engagements pris par les différents pays dans le cadre de l’accord de Paris sont tenus, mais qu’on ne va pas plus loin. Les émissions mondiales de CO2 continuent de progresser entre 2020 et 2030, pour se stabiliser sur un plateau avant de décliner après 2050. Ces efforts sont insuffisants pour stabiliser le stock de CO2 dans l’atmosphère. Le GIEC anticipe dès lors un réchauffement un peu inférieur à 3°C à la fin du siècle.

Les scénarios pour la France
En se basant sur les scénarios de référence du GIEC, Météo France produit régulièrement des projections climatiques pour la France. Les scénarios les plus récents ont été publiés en 2020. Ils anticipent que le réchauffement moyen d’ici la fin du siècle sera plus prononcé que la moyenne mondiale calculée par le GIEC. C’est tout à fait logique car cette moyenne intègre les températures à la surface des océans qui augmentent plus lentement que sur les terres émergées.
Les modèles permettent désormais d’anticiper les variations du climat à l’échelle locale. Sur le territoire métropolitain, ils anticipent un réchauffement d’autant plus marqué qu’on s’éloigne des façades maritimes du nord-ouest et qu’on progresse vers le sud-est. Les massifs montagneux seront plus affectées que les zones de plaine. Enfin, les modèles anticipent un réchauffement plus fort en été et moindre au printemps, ce qui laisse augurer une accentuation des canicules estivales.
Pour aller plus loin :
GIEC, 6° Rapport d’évaluation, Groupe de travail 1, chapitre IV, août 2021 |
Météo-France, Nouvelles projections climatiques de référence DRIAS 2020, février 2020 |