
L’envolée des prix du gaz et du charbon utilisés en Europe se transmet rapidement au prix de gros de l’électricité. Sur le marché européen, ce prix reflète le coût marginal, c’est-à-dire le plus souvent le coût d’achat des combustibles par les centrales thermiques les moins performantes qui sont appelées sur le réseau après les autres moyens de production.
Sous l’angle de la demande, le mécanisme est rigoureusement identique à ce que ferait un prix du carbone (via une taxe ou le marché des quotas de CO2). Les hausses stratosphériques de prix observées depuis le début du conflit ukrainien correspondent à une taxe de l’ordre de 1000 euros la tonne de CO2. Cela donne un avantage compétitif massif aux énergies renouvelables ce qui devrait doper les investissements, y-compris dans les pays les plus retardataires comme la France. Simultanément, les consommateurs d’électricité ne bénéficiant pas de soutiens publics seront contraints à une sobriété subie.
Sous l’angle de l’offre, l’envolée des prix du gaz et du charbon envoie au-contraire des incitations perverses, contrairement à une taxe carbone dont les recettes peuvent servir l’intérêt général si elles sont correctement redistribuées. Elle accroit les rentes des fournisseurs. Dans le cas du gaz, elle remplit les poches déjà plutôt bien garnies de Poutine. Mais de nombreux autres acteurs économiques produisant ou livrant ces énergies fossiles bénéficient d’un accroissement similaire de la rente.
Faut-il taxer cette partie du profit ? Et de combien ? Pour obtenir un impact bénéfique comparable à celui de la taxe carbone, il conviendrait de taxer le profit supplémentaire des compagnies gazières, charbonnières et pétrolières qui ne serait pas immédiatement réinvesti dans la transition bas carbone. Et si ces compagnies ne fournissent pas la preuve de cet investissement supplémentaire ? Il faudrait alors taxer à 100% ces super-profits.
Lire le billet dans Les Echos : ICI
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