Climat : les enjeux du « carbone vivant »

Billet paru dans Les Echos du 4 juillet 2023

Pour viser la neutralité climatique, il faut agir sur deux fronts : réduire les émissions brutes de gaz à effet de serre, accroître la capacité d’absorption du CO2 atmosphérique. Depuis 2005, le pays a réduit les émissions d’un quart. La direction est bonne, mais le tempo est insuffisant. En matière d’absorption, c’est la direction qui est mauvaise : au lieu de s’élargir, la capacité du puits de carbone national se rétracte.

Au milieu des années 2000, le puits de carbone national absorbait chaque année de l’ordre de 50 millions de tonnes de CO2 : un peu plus de 65 millions de tonnes étaient stockées grâce aux forêts, ce qui compensait le déstockage, de l’ordre de 15 millions de tonnes, engendré par les autres usages des terres (principalement labours agricoles et artificialisation de sols). Le Citepa estime que le puits de carbone national n’absorbe plus que 17 millions de tonnes de CO2 aujourd’hui, soit un tiers de sa performance de 2005. Que s’est-il passé ?

Intensification des sécheresses

Les massifs forestiers absorbent de moins en moins de CO2. Sous l’impact de la déprise agricole, les superficies forestières continuent pourtant de s’élargir. Mais la capacité d’absorption moyenne de chaque hectare diminue. Pour une part minoritaire (environ 20 %), cela résulte des prélèvements accrus pour répondre aux besoins de bois énergie. On ne peut pas à la fois utiliser le bois en substitution d’énergie fossile et stocker le CO2 sur pieds !

La plus grande partie de l’affaiblissement du puits de carbone forestier résulte de rétroactions climatiques. L’intensification des sécheresses et des canicules estivales, le développement des maladies amplifiées par le réchauffement, l’impact des incendies et des tempêtes plus violentes, contribuent à freiner la croissance des arbres et à accroître leur mortalité. Particulièrement affectés, les massifs du Grand Est sont devenus émetteurs nets de carbone, indique le dernier rapport du Citepa.

L’agroécologie

Pour redresser la barre, il faut donc prioritairement agir sur l’adaptation de nos forêts au durcissement des conditions climatiques, pour que des massifs en meilleure santé et plus résilients contribuent demain à l’atténuation du changement climatique.

La primauté de l’adaptation sur l’atténuation se retrouve dans l’autre grand secteur travaillant le carbone vivant : l’agriculture. Suivant les itinéraires techniques, les agriculteurs peuvent stocker du carbone dans les sols ou le rejeter dans l’atmosphère quand ils appauvrissent la diversité biologique des sols par des méthodes de production inspirées du monde industriel.

  • Retrouver l’article sur le site des Echos (accès limité) : ICI
  • Une première analyse publiée sur le site il y a un an : ICI
  • L’analyse détaillée du CITEPA : ICI
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Un avis sur « Climat : les enjeux du « carbone vivant » »

  1. Dans ma région du Val de Marne, nous avons une forêt accessible au public (si, si !) le « Bois Notre Dame » qui, selon Wikipedia = « constitue l’un des plus importants massifs de la couronne parisienne et participe grandement à la « ceinture verte » ou Arc Boisé de la banlieue parisienne ». Personnellement, je suis catastrophé par sa quasi absence d’entretien forestier. L’hiver, nous voyons très bien nombre d’arbres penchés ou couchés par les coups de vents violents de l’automne et qui viennent prendre appui sur leurs voisins. Un désastre ! Je me dis toujours que les sylviculteurs de nos grandes époques royales seraient désespérés de voir leurs majestueuses forêts en un tel dépérissement gravissime. C’est bien gentil de proposer de « laisser les forêts retrouver leur état naturel sauvage », mais je crois que c’est incompatible avec les dégâts écologiques causés parallèlement par nos économies modernes. D’ailleurs cette forêt se situe directement dans l’axe de la circulation aérienne intense et à très basse altitude des pistes d’Orly… On y arrose au kérosène… Bref, l’état n’a plus d’argent, plus de gardes-forestiers, détruit l’ONF, là aussi, on laisse tout à l’abandon… Où est le vrai sursaut écologique et climatique français ? Du bla-bla-bla comme l’a dit Greta Thumberg qui en est entrée en burn-out, faute de bonnes compréhensions internationales. « Paris jusqu’à +50°C en pic de température plausible en 2050 » nous prévoit-on déjà !… L’état français a bien un Plan Climat, auquel il a subtilement rajouté « et résilience » : ça veut déjà tout dire que le bel accord de Paris (2015) prend le chemin des tigres de papier. Si ça chauffe, si ça dépéri, la faute à qui ?

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