
Dans sa partie consacrée aux sciences et techniques, The Economist publie cette semaine un article très pédagogique sur la fonte des glaces en Antarctique Ouest. Le phénomène apparaît immédiatement lorsqu’on observe la carte du pôle Sud.
Accélération de la fonte des glaces
L’un des signes prémonitoires de la fonte de l’Antarctique Ouest a été en 1995 le détachement de la barrière de glace dénommée « Larsen A », suivi quelques années plus tard de celui de la barrière « Larsen B », provoqué par la hausse de la température de l’eau de mer sous la barrière. Un fois détachées, ces barrières se transforment en icebergs géants (plusieurs milliers de km2) qui s’éloignent du continent et cessent de freiner l’écoulement des eaux des glaciers ce qui accélère leur fonte.
Jusqu’à présent, la diminution de la masse glaciaire observée ne concerne que l’Antarctique Ouest qui stocke 10 fois moins de glace que l’Antarctique Est. Sur la partie est du continent, la recharge des glaciers contrecarre les diminutions observées localement.
Au total la diminution de la masse glaciaire de l’Antarctique a été de l’ordre de moitié de celle observée dans le Groenland au cours des dernières décennies. Mais le potentiel de réduction est bien plus grand, l’Antarctique recélant de l’ordre de 90% des eaux douces continentales bloquées par le gel dans le monde, soit l’équivalent d’une hausse de 60 mètres du niveau de la mer si tout venait à fondre (hypothèse totalement théorique à l’échelle du centenaire).

Des impacts multiples
La fonte des glaces de l’Antarctique pourrait avoir des impacts importants, mais connus de façon très lacunaire, sur la biodiversité marine. L’océan Austral recèle d’immenses ressources halieutiques, en particulier les populations de krill qui se nourrissent de phytoplanctons et sont à l’amont de chaines alimentaires pour les mammifères marins et de nombreuses espèces de poissons. Le fonctionnement de ces chaines alimentaires risque d’être affecté par le réchauffement et le déversement d’eau douce.
Cette réduction de la biodiversité marine pourrait également altérer la capacité du puits océanique à stocker le CO2 atmosphérique qui est dissous en surface puis transporté vers les fonds marins par des mécanismes complexes reposant sur la biodiversité (rôle des phytoplanctons) et les écarts de températures entre les eaux à la surface et en profondeur.
L’impact le plus visible sera l’accélération de le remontée du niveau de la mer résultant du réchauffement. Du fait des courants marins, cet impact risque d’être plus marqué dans l’hémisphère Nord que celui de la fonte des glaces du Groenland. C’est pourquoi l’article de The Economist rappelle la vulnérabilité de villes comme celles de Galveston au Texas qui connut avec la submersion marine de 1900 la catastrophe naturelle la plus meurtrière des Etats-Unis (8000 morts). Du fait de la hausse du niveau des océans provoquée par la hausse du thermomètre (effet de dilatation) et de la fonte des glaces continentales, les ouvrages de protection datant du siècle dernier ne sont plus à la hauteur requise.
Dans la région de Galveston, le projet de reconstruction des digues pourrait immobiliser de l’ordre de 54 milliards de dollars et constituer l’un des plus grands chantiers de travaux civils jamais engagé aux Etats-Unis. Galveston est en effet situé à proximité de la métropole de Houston et de la plus grande concentration du pays en installations liées à l’industrie du pétrole et du gaz !
