
Heureux de partager avec vous ce moment un peu particulier où votre ouvrage sort en librairie.
En premier lieu, je tiens à remercier Sophie Kucoyanis avec qui à mûri ce projet et toute l’équipe de Gallimard qui, des membres de l’équipe de correction à celle du service de presse et du service commercial, ont fait preuve d’un grand professionnalisme et de beaucoup de gentillesse. Puisque je suis dans les remerciements, j’y associe également les collègues et amis relecteurs qui ont permis de bonifier mes premiers manuscrits avant envoi à l’éditeur. Vous trouverez leur nom à la fin de l’ouvrage.
J’ai aussi une pensée pour mon collègue et ami Pierre-André Jouvet, hélas parti trop tôt. Pierre-André a été mon compagnon de route dans le développement la Chaire économie du climat. Je lui dois beaucoup. Ce livre lui est dédié, ainsi qu’à nos trois petits enfants nés en 2022 et 2023. Ainsi va la vie : certains nous quittent, parfois trop rapidement, d’autres arrivent… Pour trouver quelle planète ?
Ce que cache le titre ?
Plusieurs d’entre vous m’ont interrogé sur la signification du titre, un peu mystérieux pour les non initiés.
Le carbone fossile, c’est ce concentré d’énergie que la nature a mis des centaines de millions d’années à produire à partir de carbone vivant, principalement des végétaux qui se sont décomposés dans le sous-sol. Depuis 150 ans, les hommes utilisent massivement ce concentré d’énergie présent sous forme de charbon, de pétrole et de gaz pour leur approvisionnement énergétique. Ce faisant, ils accumulent des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à l’origine du réchauffement global.
Pour enrayer ce réchauffement, nos sociétés doivent opérer une transformation majeure, qualifiée de « transition énergétique« , consistant à nous guérir de cette addiction aux énergies fossiles. Une partie de l’ouvrage est consacrée à cette transition dont la difficulté principale n’est pas la mobilisation de l’investissement bas carbone mais la conduite du nécessaire désinvestissement des énergies fossiles.

Et le carbone vivant ?
Imaginons que le monde soit parvenu à totalement éradiquer l’addiction aux énergies fossiles en 2050. Serions-nous automatiquement dans la situation de neutralité climatique qui permet d’enrayer le réchauffement de la planète ? Tout dépendra de ce qui a été simultanément opéré sur le carbone vivant, celui que les végétaux transforment à partir de l’énergie solaire grâce à la photosynthèse et qui permet la reproduction de la vie.
Aujourd’hui les émissions de gaz à effet de serre résultant du carbone vivant représentent un quart des émissions mondiales. Elles ont deux origines principales : les émissions spécifiques agricoles (méthane et protoxyde d’azote) et celles résultant de l’érosion du puits de carbone terrestre, principalement via la déforestation tropicale.
Il n’y a pas de scénario permettant de stabiliser le réchauffement global sans une seconde transformation majeur concernant le carbone vivant : la « transition agroclimatique » qui passe, sous l’angle de l’offre, par une nouvelle révolution agricole à base d’agroécologie , par une transformation des modèles alimentaires vers des rations à moindre empreinte climatique côté demande et par une protection accrue des puits de carbone naturels que sont la biosphère terrestre (les forêts à titre principal, mais pas que) et les océans.
Les océans, angle mort des politiques climatiques
Dans la partie du livre consacrée aux carbone vivant, j’ai pris conscience de l’absence des océans des politiques climatiques. Un véritable angle mort ! A moyen et long terme, l’évolution du puits de carbone océanique sera une variable importante de l’évolution du climat. Or, comme le rappelle l’épopée de la loutre de mer détaillée au chapitre VI, les activités humaines peuvent impacter fortement la biodiversité marine, élément clef du fonctionnement de la pompe à carbone océanique.

pour les non initiés : merci d’avoir pensé à eux
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