Dans le processus préparatoire de la COP de Glasgow, l’Agence Internationale de l’Energie vient de jeter un pavé dans la mare. Sa roadmap énergétique visant la neutralité carbone en 2050 implique l’arrêt immédiat de tout investissement d’exploration-production dans les trois énergies fossiles. Les lecteurs du Tic-Tac de l’horloge climatique le savent bien : le désinvestissement de notre addiction aux fossiles sera le virage le plus crucial de la transition bas carbone.
- Entre 2020 et 2030, la roadmap ZEN accélère la baisse des émissions par rapport au précédent scénario « développement durable ». La montée en régime des sources renouvelables se couple avec l’électrification des usages, la baisse de la consommation, un déclassement accéléré des installations fossiles et l’arrêt des investissements de capacité.
- Entre 2030 et 2050, le vecteur hydrogène monte en puissance, ainsi que la CCSU qui s’applique en partie à des unités de biomasse pour capturer les émissions résiduelles. Le nucléaire dont le coût est à partir de 2030 supérieur à celui de toutes les autres énergies bas carbone continue de progresser : l’une des bizarreries d’un scénario qui se veut pourtant « coût-efficace ».
Ce scénario est-il réaliste ? Il repose sur des hypothèses très volontaristes nous transportant dans un monde bien différent de celui que nous connaissons. L’AIE met l’accent sur certaines incertitudes, mais semble considérer comme acquises des transformations majeures. On peut en citer deux :
- Dans la roadmap, les objectifs d’accès à une énergie propre pour tous sont supposés atteints en 2030. Actuellement 800 Mons personnes n’ont pas accès à l’électricité et 2,2 Mrds à un système de cuisson propre.
- Le scénario suppose qu’une tarification carbone est introduite avant 2025 dans l’ensemble des pays du monde (avec des prix différents suivant le degré de développement).
Il reste beaucoup de chemin à parcourir !
Lire l’étude de l’AIE : ICI
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Christian de Perthuis 