
Chronique pour Les Echos (journal du 1° juin 2021) : Le Parlement discute une loi climat en retard sur l’objectif climatique visé en 2030, tout en laissant en chemin la propositions de la Convention citoyenne de limitation de vitesse sur les autoroutes. Une disposition vivement recommandée par l’Agence Internationale de l’Energie.
Dans un récent rapport, l’Agence internationale de l’énergie dresse un scénario conduisant à un système énergétique ZEN (zéro émission nette) en 2050. Dans ce scénario, la vitesse limite de 100 km/h a été imposée sur toutes les autoroutes du monde avant 2030. Tant que circulent des véhicules thermiques, limiter la vitesse est l’un des moyens les plus sûrs d’abattre rapidement les émissions de CO2 dans le transport.
Parmi les 150 propositions issues de la Convention citoyenne pour le climat figurait celle de ramener cette vitesse limite à 110 km/h . C’était l’une des rares mesures pour laquelle une évaluation fiable des économies de CO2 induites était disponible. Et elles sont considérables ! Ecartée dès le démarrage par l’exécutif, on ne trouve pas trace de cette mesure dans le projet de loi Climat et Résilience discuté au Parlement.
Une loi calibrée sur des objectifs obsolètes
L’objectif de cette loi est-il bien d’accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre ? Depuis des mois, le débat public est focalisé sur le nombre de propositions de la Convention qui seront reprises, ou non, par le législateur. Est-ce la bonne question ?
Le mandat de cette Convention était de proposer un ensemble de mesure permettant de viser une réduction d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, conformément à l’objectif européen alors déposé aux Nations unies dans le cadre de l’Accord de Paris. Cet objectif a depuis été rehaussé à 55 % : une sacrée marche d’escalier ! La Cour fédérale de Karlsruhe vient de censurer la loi Climat allemande, pour ne pas avoir suffisamment pris en compte la hauteur de la marche.
Se projeter dans l’avenir exige qu’on intègre dès maintenant cette marche supplémentaire dans les textes législatifs. En l’état, la loi Climat française sera sinon obsolète dès sa promulgation. Parallèlement au travail législatif, bien des mesures peuvent être prises immédiatement. Par exemple, la réintroduction par décret de la proposition citoyenne de limitation de vitesse tant il devient urgent de réduire le CO2 rejeté par nos véhicules.
Lire l’article sur le site des Echos : Limiter la vitesse à 110 km/h, une mesure à prendre d’urgence
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