Avant l’invasion de l’Ukraine, jamais les denrées agricoles de base suivies par la FAO depuis 1961 n’avaient été aussi coûteuses. Le précédent pic, atteint en 1973 lors de l’envolée des matières premières de 1973 (choc pétrolier + embargo US sur le soja), a en effet été pulvérisé par le déclenchement du conflit qui a immobilisé environ 30% des expéditions de blé, 18% de celles de maïs et plus de la moitié de celles d’huile de tournesol transitant par la mer Noire.
L’article du FMI rappelle que ce renchérissement pèse bien plus sur les pays pauvres où l’alimentation représente une fraction plus élevée du budget des ménages : en moyenne 40 % dans l’Afrique au Sud du Sahara, contre un peu plus de 15 % dans les pays riches. La crise des marchés agricoles s’y traduira par des pressions inflationnistes plus fortes et des risques majeurs pour la situation nutritionnelle des ménages les moins solvables.
L’impact est également différencié suivant les régimes alimentaires des pays. En Asie du Sud-Est, le riz joue un rôle central dans les apports nutritionnels, comparable à celui du blé en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Or, soulignent les auteurs, le riz est jusqu’à présent resté à l’écart de la fièvre des cours des céréales. Un enjeu important du fonctionnement des marchés internationaux sera que la fièvre du marché des grains ne se transmette pas à celui du riz.
D’après les auteurs, les deux sources qui permettraient de libérer des volumes conséquents pour amoindrir la tension mondiale sur le marché des grains seraient les Etats-Unis où environ 40% de la récolte de maïs est destinée à la production d’éthanol et la Chine qui a reconstitué des stocks considérables de céréales à la suite de l’épidémie de fièvre porcine.
Lire l’article sur le blog du FMI : https://blogs.imf.org/2022/03/16/war-fueled-surge-in-food-prices-to-hit-poorer-nations-hardest/
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Christian de Perthuis 